La chaussure parfaite

Ce ne sont pas les options qui manquent quand on cherche une nouvelle paire de chaussure. On dit souvent que le plus important est de trouver une chaussure qui est confortable et adapté à son pied, mais ce n’est pas toujours évident. Surtout que nos pieds et notre corps s’adaptent continuellement. Une chaussure qui est parfaite aujourd’hui ne le sera peut-être plus dans quelques mois. Ajoutons à ça les différentes conditions de terrain et il nous faut alors plusieurs chaussures parfaites? Du moins c’est ce que l’industrie de la chaussure espère nous faire croire. Voici quelques conseils pour vous aider à trouver la (ou les?) chaussure de Trail parfaite.


Je crois qu’un bon point de départ et de déterminer quelles sont vos forces et vos faiblesses. Soit en considérant vos plus récentes blessures, soit en prenant en compte les groupes musculaires qui sont le plus courbaturés après une compétition ou après un entraînement particulièrement exigeant. Pour simplifier ce processus, l’arbre décisionnel de La Clinique du Coureur est très utile. Par exemple, un coureur plutôt limité au niveau des genoux aurait intérêt à choisir un modèle plus minimaliste. Se faisant, une partie du stress mécanique devrait être transféré des genoux vers les chevilles. Ce changement pourrait aussi amener une augmentation de la fréquence de pas, donc une réduction des impacts. Néanmoins, ce ne sont pas tous les coureurs qui ajusteront leur foulée à un changement de chaussures. Sachant que certains coureurs conservent même leur attaque talon en courant pieds nus, il faut être prudent. En ce sens, les changements drastiques sont à éviter. On ne passe pas d’une paire de chaussure hyper-maximaliste à la course pied nu du jour au lendemain! L’inverse est tout aussi vrai, on insiste souvent sur les dangers d’une progression trop rapide vers un chaussage minimaliste, mais courir avec des chaussures extrêmement absorbantes du jour au lendemain est tout aussi risqué. Pour éviter les changements trop drastiques et s’y retrouver parmi les options disponibles, l’indice minimaliste peut vous être utile. Il est important d’éviter d’associer une marque à un extrême ou l’autre de ce continuum. Certains fabricants proposent à la fois des modèles ridiculement amortissant et des modèles plutôt minimalistes. Attention aussi à ne pas considérer qu’une chaussure avec un drop de zéro est nécessairement minimaliste. Même si le drop d’une chaussure, soit la différence de hauteur entre l’arrière et l’avant, fait partie du calcul de l’indice minimaliste, l’épaisseur, le poids, la flexibilité ainsi que la présence de technologie de stabilité sont aussi pris en compte.

Mes options en ce moment.

Mes options en ce moment.

Choisir une chaussure selon ses faiblesses, n’exclue pas de travailler spécifiquement celles-ci en parallèle. Par exemple, je suis du genre à être plutôt limité au niveau des tendons d’Achille lors de mes ultras. Ça ne m’empêche pas de m’entraîner principalement avec des chaussures qui mettent plus de stress sur ces derniers pour ensuite prendre le départ d’une course avec un peu plus d’amorti sous les pieds. Il est évidemment primordial d’éviter les blessures, mais une fois qu’on gère bien la progression de notre charge d’entraînement, ce sont les petits détails dans la préparation qui feront la différence. Ceci-dit, je ne crois pas qu’un coureur plutôt faible au niveau des quadriceps ou des genoux aurait intérêt à courir avec plus d’amorti ou une plus faible cadence pour maximiser le stress sur son groupe musculaire plus faible. D’abord parce qu’il est assez facile de travailler la résistance des quadriceps avec un entraînement spécifique en descente ou avec du renforcement musculaire, mais aussi parce que les blessures proximales (dos, hanches, genoux) sont, selon mon expérience d’athlète et d’entraîneur, plus difficile à gérer que celles plus distales (mollets, chevilles, pieds). Ensuite parce qu’un chaussage plus minimaliste est plus naturel et peut, suite à une transition appropriée, réduire l’incidence des blessures. Tout ceci est évidemment relatif au niveau d’adaptation de chacun, par « plus minimaliste » je ne veux pas nécessairement dire que tous les coureurs auraient intérêt à courir pieds nu, mais plutôt, que dans la plupart des cas, il vaut mieux progresser dans ce sens que dans l’autre.


Pour éviter les problèmes, il est évidemment important de choisir une chaussure à la bonne taille. Il faut avoir de l’espace, surtout devant les orteils, pour éviter que ceux-ci ne se cognent au bout du soulier. Une chaussure à la bonne taille, ça permet d’éviter de se retrouver avec des ongles d’orteils noirs… Pour la largeur, certaines compagnies offrent différentes largeurs et il est possible d’ajuster en choisissant le modèle de l’autre genre. Ayant les pieds plutôt étroits, les modèles féminins sont souvent une bonne option pour moi. L’épaisseur des chaussettes peut aussi jouer sur le confort en largeur, mais mon expérience me dit que les options plus minces et ajustées (les produits Compressport par exemple) sont plus confortables et sèchent plus rapidement. Comme la meilleure option est souvent celle que l’on possède déjà, il peut être intéressant d’apporter des modifications à une chaussure pour la rendre parfaite. D’abord, pour ajuster une chaussure à sa largeur de pieds, il est possible d’enlever ou de remplacer la semelle interne. Il est même possible d’en ajouter une deuxième pour réduire encore plus le volume ce qui est parfois utile pour prolonger la vie d’une chaussure étirée et écrasée par l’usure. Pour ce faire, je vous conseille de garder les semelles internes de vos vieilles chaussures pour avoir plus d’options avec les nouvelles. Il est aussi possible d’apporter des ajustements en modifiant le laçage. Par exemple, le heel lock, permet de maintenir le talon plus fermement en utilisant la paire de trous supplémentaires présente sur certains modèles. Il est aussi possible d’enlever de la pression sur une partie du pied en modifiant le laçage, les options sont nombreuses. Dans certains cas, quelques coups de ciseaux dans vos belles chaussures seront nécessaires. Par exemple, un heel cup trop rigide devient plus flexible après une incision verticale. Aussi, un bord de chaussure qui frotte sur une malléole peut être abaissé assez facilement et vos chaussures seront encore plus légères. Bref, une chaussure est un produit personnalisable, il suffit d’avoir un peu d’imagination.

Je garde mes vieilles semelles pour multiplier les options…

Je garde mes vieilles semelles pour multiplier les options…


Finalement, l’environnement dans lequel la chaussure est utilisée a aussi son importance. Certaines chaussures ont une semelle qui adhèrent mieux dans la boue (ou dans la neige) et ceux-ci feront une différence dans ces conditions. Ceci-dit, la proprioception, le contrôle postural et la longueur de la foulée ont probablement un impact tout aussi important sur l’adhérence au sol et la chaussure aura aussi un impact sur ces éléments. Certaines chaussures très rigides et plutôt hautes ne sont donc pas nécessairement appropriées dans un terrain plus glissant même si elles sont dotées de bons crampons. Aussi, une semelle conçue pour adhérer dans un terrain gras offrira souvent moins de surface de contact, donc possiblement moins d’adhérence sur les roches. Cet élément est à considérer lorsqu’on achète une chaussure qui servira dans des divers types de terrain. Bref, encore une fois, il faut réfléchir avant d’acheter. Quoique l’option de ressemeler existe.

Ne pas tomber.


Il a été proposé qu’un coureur va automatiquement choisir la chaussure la plus confortable pour lui et ainsi éviter les blessures. Bien qu’intéressante, cette idée implique que le coureur prenne le temps de faire un choix éclairé. Considérant qu’on essaie souvent une chaussure sur seulement quelques mètres dans la boutique ou sur le trottoir devant celle-ci, difficile de croire qu’on puisse déterminer aussi simplement qu’une chaussure soit la plus confortable pour nous. Certaines marques offrent des journées d’essai, mais dans ce cas, on est tout de même limité à un nombre de modèles restreints. À mon avis, ce choix de la chaussure idéale en fonction du confort se fait plutôt sur le long terme. Avec le temps, on finit par avoir une bonne idée de ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas pour nous. Au final, le choix des chaussures n’est qu’un des nombreux facteurs à considérer dans la prévention des blessures. La progression de la charge d’entraînement et la répartition de celle-ci est probablement plus importante. Le choix de la chaussure n’est qu’une des nombreuses pièces du casse-tête qu’est la préparation à une course, mais pour réaliser la course parfaite, il vous faudra des chaussures parfaites.

Si vous optez pour des chaussures imperméables, je vous recommande de choisir un modèle avec guêtres intégrés… L’eau qui entre ne sortira pas, donc il vaut mieux s’assurer qu’elle n’entre pas!

Si vous optez pour des chaussures imperméables, je vous recommande de choisir un modèle avec guêtres intégrés… L’eau qui entre ne sortira pas, donc il vaut mieux s’assurer qu’elle n’entre pas!

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